Christian Prieur « Le général de Castelnau (1851-1944) : le maréchal «oublié» de la Grande Guerre »

Conférence donnée par Christian Prieur

Le vendredi 14 novembre 2014, à 20 h 30.

Centre culturel départemental, 25 avenue Victor-Hugo, à Rodez.

 

Au moment où la France célèbre le centenaire du déclenchement de la guerre de 1914-1918, il est important de revenir sur le rôle joué par un grand Aveyronnais, le général de Castelnau. Ce dernier a participé, de près ou de loin, à trois guerres : celle de 1870 comme sous-lieutenant, celle de 1914 comme général d’Armée et celle de 1940-1944, dans l’attente de la Libération et en refusant toute collaboration avec l’ennemi.

Le général de Castelnau, après une brillante carrière militaire dans l’armée dite de la « Revanche », prépara, auprès de Joffre, le plan de mobilisation qui alignait cinq armées françaises le long de la frontière avec l’Allemagne. C’est avec le titre de commandant de la IIe Armée qu’il entra dans le conflit, avec six de ses fils officiers, dont trois perdront la vie dans les combats.

La IIe Armée constituait la pièce maîtresse de l’offensive voulue par Joffre en Lorraine : la sanglante bataille des frontières. Elle participa à la « course à la mer » jusqu’à la stabilisation du front, sur 750 kilomètres, entre Belfort et Dunkerque.

Le général de Castelnau, nommé commandant du groupe d’Armée du Centre, tenta en vain d’effectuer une percée sur le front de Champagne, en mars 1915, et fut imposé, par le pouvoir politique, à Joffre, comme adjoint. C’est à ce titre que, dès l’attaque allemande de février 1916, il mit en place les effectifs et le commandement qui permirent aux forces françaises de « tenir » Verdun (nomination de Pétain). Il acheva la guerre en tant que commandant du groupe d’Armée de l’Est, chargé de préparer l’offensive qui aurait dû permettre à l’armée française de franchir le Rhin. Cette offensive devait être déclenchée le 14 novembre 1918….

Le général de Castelnau, que ses convictions religieuses affirmées empêchèrent de se voir décerner la dignité de maréchal de France, au même titre que Franchet d’Espèrey, Fayolle ou Gallieni, fut élu, après la guerre, député de l’Aveyron, puis président de la Fédération nationale catholique (1925-1940). En 1940, il estima que la défaite était imputable au haut commandement militaire et qu’il aurait fallu continuer le combat en Afrique, la guerre étant mondiale. Il se prononça contre toute collaboration avec la puissance occupante et incita ses petits-fils à gagner Alger et Londres.

Il s’éteignit à 93 ans, à Montrastruc-la-Conseillère, près de Toulouse, trois mois avant le débarquement de juin 1944 qu’il avait tant espéré.

Christian PRIEUR, membre de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, est l’arrière petit-neveu du général de Castelnau.